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L’ÉCLAT D’OBUS
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noms de Bernard d’Andeville et de Paul Delroze, qui représentent à ses yeux les noms de deux ennemis, il a profité de l’occasion pour se débarrasser de ces deux ennemis. Persuadé que c’était toi et moi qui dormions dans cette chambre, il a frappé… et ceux qu’il a frappés c’est ce pauvre Gériflour et son camarade, qui meurent à notre place.

Après un long silence il murmura :

— Ils meurent comme est mort mon père… et comme est morte Élisabeth… et aussi le garde et sa femme… et de la même main… la même, tu entends, Bernard ! Oui, c’est inadmissible, n’est-ce pas ? et ma raison se refuse à l’admettre… Pourtant, c’est la même main qui tient toujours le poignard… celui d’autrefois et celui-ci.

Bernard examina l’arme. Il dit en voyant les quatre lettres :

— Hermann, n’est-ce pas ? major Hermann ?

— Oui, affirma Paul vivement… Est-ce son nom réel et quelle est sa véritable personnalité ? Je l’ignore. Mais l’être qui a commis tous ces crimes est bien celui qui signe de ces quatre lettres : H. E. R. M.

Après avoir donné l’alerte aux hommes de sa section et fait avertir l’aumônier et le médecin-major, Paul résolut de demander un entretien particulier à son colonel et de lui confier toute l’histoire secrète qui pourrait jeter quelque lumière sur l’exécution d’Élisabeth et sur l’assassinat des deux soldats. Mais il apprit que le colonel et son régiment bataillaient au delà de la frontière, et que la troisième compagnie était appelée en hâte, sauf un détachement qui devait rester au château sous les ordres du sergent