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L’ÉCLAT D’OBUS

jour… Quoi ? quoi, sinon, justement, ces notes plus intimes qu’elle jetait auparavant sur l’agenda, entre un relevé de compte et une recette. Et comme, après mon départ, il n’y a plus eu de comptes et que l’existence n’a plus été pour elle que le drame le plus affreux, c’est sans doute à ces pages disparues qu’elle a confié sa détresse… ses plaintes… peut-être sa révolte contre moi.

Ce jour-là, en l’absence de Bernard, Paul redoubla d’ardeur. Il fouilla sous toutes les pierres et dans les trous. Il souleva les marbres cassés, les lustres tordus, les tapis déchiquetés, les poutres noircies par les flammes. Durant des heures il s’obstina.

Il distribua les ruines en secteurs patiemment interrogés tour à tour, et les ruines ne répondant pas à ses questions il refit dans le parc des investigations minutieuses.

Efforts inutiles, et dont Paul sentait l’inutilité. Élisabeth devait tenir beaucoup trop à ces pages pour ne les avoir pas, ou bien détruites, ou bien parfaitement cachées. À moins…

— À moins, se dit-il, qu’on ne les lui ait dérobées. Le major devait exercer sur elle une surveillance continue. Et, en ce cas, qui sait ?…

Une hypothèse se dessinait dans l’esprit de Paul.

Après avoir découvert le vêtement de la paysanne et le fichu de dentelle noire, il les avait laissés, n’y attachant pas d’autre importance, sur le lit même de la chambre, et il se demandait si le major, la nuit où il avait assassiné les deux soldats, n’était pas venu avec