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L’ÉCLAT D’OBUS

il sortait de cet arbre-là, à cet endroit précis, un bruit confus. Et cela a duré plusieurs minutes.

« Il m’a répondu, non sans sourire un peu :

« — Il serait facile de faire abattre cet arbre. Mais ne pensez-vous pas, madame, que, dans l’état de tension nerveuse où nous sommes tous, nous puissions être sujets à certaines erreurs, à des sortes d’hallucinations ? Car enfin d’où proviendrait ce bruit ?…

« Oui, évidemment il avait raison. Et cependant, j’ai entendu… J’ai vu… »


Samedi 15 août.

« Hier soir, on a ramené deux officiers allemands qui furent enfermés dans la buanderie, au bout des communs.

« Ce matin, on n’a plus retrouvé dans cette buanderie que leurs uniformes.

« Qu’ils aient fracturé la porte, soit. Mais l’enquête du capitaine a montré qu’ils s’étaient enfuis, revêtus d’uniformes français, et qu’ils avaient passé devant les sentinelles en se disant chargés d’une mission à Corvigny.

« Qui leur a fourni ces uniformes ? Bien plus, il leur a fallu connaître le mot d’ordre… Qui leur a révélé ce mot d’ordre ?…

« Il paraît qu’une paysanne est venue plusieurs jours de suite apporter des œufs et du lait, une paysanne habillée un peu trop bien et que l’on n’a pas revue aujourd’hui… Mais rien ne prouve sa complicité. »


Dimanche 16 août.

« Le capitaine m’a engagée vivement à partir. Il ne sourit plus, maintenant. Il semble très préoccupé.