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L’ÉCLAT D’OBUS
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« — Nous sommes environnés d’espions, m’a-t-il dit. En outre, il y a des signes qui nous portent à croire que nous pourrions être attaqués d’ici peu. Non pas une grosse attaque, ayant pour but de forcer le passage à Corvigny, mais un coup de main sur le château. Mon devoir est de vous prévenir, Madame, que d’un moment à l’autre, nous pouvons être contraints de nous replier sur Corvigny et qu’il serait pour vous plus qu’imprudent de rester.

« J’ai répondu au capitaine que rien ne changerait ma résolution.

« Jérôme et Rosalie m’ont suppliée également. À quoi bon ? Je ne partirai pas. »


Une fois encore, Paul s’arrêta. Il y avait, à cet endroit de l’agenda, une page de moins, et la suivante, celle du 18 août, déchirée au commencement et à la fin, ne donnait qu’un fragment du journal écrit par la jeune femme à cette date.

« … et c’est la raison pour laquelle je n’en ai pas parlé dans la lettre que je viens d’envoyer à Paul. Il saura que je reste à Ornequin, et les motifs de ma décision, voilà tout. Mais il doit ignorer mon espoir.

« Il est encore si confus, cet espoir, et bâti sur un détail si insignifiant ! Néanmoins, je suis pleine de joie. Je ne comprends pas la signification de ce détail, et, malgré moi, je sens son importance. Ah ! le capitaine peut bien s’agiter et multiplier les patrouilles, tous ses soldats visiter leurs armes et crier leur envie de se battre. L’ennemi peut bien s’installer à Ébrecourt, comme on le dit ! Que m’importe ? Une seule idée compte ! Ai-je trouvé le