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L’ÉCLAT D’OBUS
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— Retourne leurs poches, dit Bernard en s’en allant, et rapporte-nous leurs carnets de route. Ça me passionne. Il n’est pas de meilleur document sur l’état de leur âme… ou plutôt de leur estomac.

Paul descendit. La cave était de proportions assez vastes. Une demi-douzaine de corps en jonchaient le sol, tous inertes et déjà glacés. Distraitement, sur le conseil de Bernard, il retourna les poches et visita les carnets. Rien d’intéressant ne retint son attention. Mais, dans la vareuse du sixième soldat qu’il examina, un petit maigre, frappé en pleine figure, il trouva un portefeuille au nom de Rosenthal, qui contenait des billets de banque français et belges et un paquet de lettres timbrées d’Espagne, de Hollande et de Suisse. Les lettres, toutes écrites en allemand, avaient été adressées à un agent d’Allemagne résidant en France, dont le nom ne paraissait pas, et transmises par lui au soldat Rosenthal sur lequel Paul les découvrait. Ce soldat devait les communiquer, ainsi qu’une photographie, à une troisième personne désignée sous le nom d’Excellence.

« Service d’espionnage, se dit Paul en les parcourant… Renseignements confidentiels… Statistiques… Quelle race de coquins ! »

Mais, ayant ouvert de nouveau le portefeuille, il en sortit une enveloppe qu’il déchira. Dans cette enveloppe il y avait une photographie, et la surprise de Paul fut si grande en regardant cette photographie qu’il poussa un cri.

Elle représentait la femme dont il avait vu le portrait dans la chambre close d’Ornequin, la même femme, avec son même fichu de den-