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L’ÉCLAT D’OBUS

telle arrangé de façon identique, et avec cette même expression dont le sourire ne masquait pas la dureté. Et, cette femme, n’était-ce pas la comtesse Hermine d’Andeville, la mère d’Élisabeth et de Bernard ?

L’épreuve portait la marque de Berlin. L’ayant retournée, Paul aperçut une chose qui augmenta sa stupeur. Quelques mots y étaient inscrits :

À Stéphane d’Andeville, 1902.

Stéphane, c’était le prénom du comte d’Andeville !

Ainsi donc la photographie avait été envoyée de Berlin au père d’Élisabeth et de Bernard en 1902, c’est-à-dire quatre ans après la mort de la comtesse Hermine. De telle sorte qu’on se trouvait en face de deux solutions : ou bien la photographie, prise avant la mort de la comtesse Hermine, portait la date de l’année où le comte l’avait reçue, ou bien la comtesse Hermine vivait encore…

Et, malgré lui, Paul songeait au major Hermann, dont cette image, pareillement au portrait de la chambre close, évoquait le souvenir en son esprit troublé. Hermann ! Hermine ! Et voilà maintenant que l’image d’Hermine il la découvrait sur le cadavre d’un espion allemand, aux bords de cet Yser où devait rôder le chef d’espionnage qu’était certainement le major Hermann !

— Paul ! Paul !

C’était son beau-frère qui l’appelait, Paul se redressa vivement, cacha la photographie, bien résolu à n’en point parler, et monta jusqu’à la trappe.