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L’ÉCLAT D’OBUS
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— Eh bien, Bernard, qu’y a-t-il ?

— Une petite troupe de Boches… J’ai cru d’abord qu’il s’agissait d’une patrouille, qu’on relevait les postes, et qu’ils resteraient de l’autre côté. Mais non. Ils ont détaché deux barques et ils franchissent le canal.

— En effet, je les entends.

— Si on tirait dessus ? proposa Bernard.

— Non, ce serait donner l’alarme. Il est préférable de les observer. C’est d’ailleurs notre mission.

Mais, à ce moment, il y eut un léger coup de sifflet qui provenait du chemin de halage, que Bernard et Paul avaient suivi. On répondit, de la barque, par un coup de sifflet de même nature. Deux autres signaux furent échangés à intervalles réguliers.

Une horloge d’église sonna minuit.

— Un rendez-vous, supposa Paul. Cela devient intéressant. Viens. J’ai remarqué, en bas, un endroit où je pense qu’on peut se mettre à l’abri de toute surprise.

C’était une arrière-cave, séparée de la première par un bloc de maçonnerie dans lequel il y avait une brèche qu’il leur fut aisé de franchir. Rapidement ils remplirent cette brèche avec des pierres tombées de la voûte et des murs.

Ils avaient à peine fini qu’un bruit de pas retentit au-dessus d’eux et que des mots allemands leur parvinrent. La troupe ennemie devait être assez nombreuse. Bernard engagea l’extrémité de son fusil dans une des meurtrières que formait leur barricade.

— Qu’est-ce que tu fais ? demanda Paul.

— Et s’ils viennent ? Je m’apprête. Nous pouvons soutenir un siège en règle.