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L’ÉCLAT D’OBUS

— Pas de bêtises, Bernard. Écoutons. Peut-être pourrons-nous surprendre quelques mots.

— Toi, peut-être, Paul, mais moi qui ne comprends pas une syllabe d’allemand…

Une lueur violente inonda la cave. Un soldat descendit et accrocha une grosse lampe électrique à un clou du mur. Une douzaine d’hommes le rejoignirent et les deux beaux-frères furent aussitôt renseignés. Ces hommes étaient venus pour enlever les morts.

Ce ne fut pas long. Au bout de quinze minutes, il ne restait plus dans la cave qu’un cadavre, celui de l’agent Rosenthal.

En haut, une voix impérieuse commanda :

— Restez-là, vous autres, et attendez-nous. Et toi, Karl, descends le premier.

Quelqu’un apparut sur les échelons supérieurs. Paul et Bernard furent stupéfaits d’apercevoir un pantalon rouge, puis une capote bleue, enfin l’uniforme complet d’un soldat français.

L’individu sauta à terre et cria :

— J’y suis. Excellence. À votre tour.

Ils virent alors le Belge Laschen, ou plutôt le soi-disant Belge qui se faisait appeler Laschen et qui comptait dans la section de Paul. Maintenant ils savaient d’où venaient les trois coups de fusil tirés sur eux. Le traître était là. Sous la lumière, ils distinguaient nettement son visage, le visage d’un homme de quarante ans, aux traits lourds et chargés de graisse, aux yeux bordés de rouge.

Il saisit les montants de l’échelle de façon à bien la caler. Un officier descendit prudemment, enveloppé dans un large manteau gris au col relevé.

Ils reconnurent le major Hermann.