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L’ÉCLAT D’OBUS

— Je te défends…

Lorsque l’opération fut terminée, le major prescrivit :

— Éclaire-moi bien et que l’échelle ne bouge pas.

Il monta et disparut.

— Ça y est, cria-t-il. Dépêche-toi.

À son tour, l’espion grimpa.

On entendit leurs pas au-dessus de la cave. Ces pas s’éloignèrent dans la direction du canal, et il n’y eut plus aucun bruit.

— Eh bien, quoi ? s’écria Bernard, qu’est-ce qui t’a pris ? L’occasion était unique. Les deux bandits tombaient du coup.

— Et nous après, prononça Paul. Ils étaient douze là-haut. Nous étions réglés.

— Mais Élisabeth était sauvée. Paul ! En vérité, je ne te comprends pas. Comment ! nous avons de pareils monstres à portée de nos balles, et tu les laisses partir ! L’assassin de ton père, le bourreau d’Élisabeth est là, et c’est à nous que tu penses !

— Bernard, dit Paul Delroze, tu n’as pas compris les dernières paroles qu’ils ont échangées. L’ennemi est prévenu de l’attaque et de nos projets sur la maison du passeur. Tout à l’heure les cent volontaires d’Afrique qui rampent dans le marais seront victimes de l’embuscade qui leur est tendue. C’est donc à eux qu’il nous faut penser. C’est eux que nous devons sauver d’abord. Nous n’avons pas le droit de nous faire tuer, alors qu’il nous reste à accomplir un tel devoir. Et je suis sûr que tu me donnes raison.

— Oui, dit Bernard. Mais tout de même l’occasion était bonne.