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L’ÉCLAT D’OBUS

sur ses gardes, riposta avec une vigueur égale. Les fils de fer s’entremêlaient. Les pièges abondaient. Un corps à corps furieux s’engagea devant la maison, puis dans la maison, et lorsque les Français, victorieux, eurent abattu ou fait prisonniers les quatre-vingt-trois Allemands qui la défendaient, eux-mêmes avaient subi des pertes qui réduisaient leur effectif de moitié.

Le premier, Paul avait sauté dans les tranchées dont la ligne flanquait la maison vers la gauche et se prolongeait en demi-cercle jusqu’à l’Yser. Il avait son idée : avant que l’attaque ne réussît, il voulait couper toute retraite aux fugitifs.

Repoussé d’abord, il gagna la berge, suivi de trois volontaires, s’engagea dans l’eau, remonta le canal, parvint ainsi de l’autre côté de la maison, et trouva, comme il s’y attendait, un pont de bateaux.

À ce moment il aperçut une silhouette qui s’évanouissait dans l’ombre.

— Restez là, dit-il à ses hommes, et que personne ne passe.

Lui-même il s’élança, franchit le pont, et se mit à courir.

Un projecteur ayant illuminé la rive, il avisa de nouveau la silhouette à cinquante pas en avant.

Une minute plus tard il criait :

— Halte ! ou je fais feu.

Et, comme le fugitif continuait, il tira, mais de façon à ne pas l’atteindre.

L’homme s’arrêta et déchargea quatre fois son revolver tandis que Paul, courbé en deux, se jetait dans ses jambes et le renversait.