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L’ÉCLAT D’OBUS

À cinq heures et demie, sous la clarté des projecteurs allemands, plusieurs obus tombèrent aux environs. L’un d’eux atteignit la maison. Les grosses pièces commençaient à balayer le chemin de halage.

C’est par ce chemin que déboucha, un peu avant le jour, un détachement de cyclistes envoyés en hâte. Bernard d’Andeville les précédait.

Il expliqua que deux compagnies et une section de sapeurs, devançant un bataillon complet, s’étaient mis en route, mais que, gênés par les obus ennemis, ils devaient longer les marais, en contre-bas et à l’abri du talus qui étayait le chemin de halage. Leur marche étant ainsi ralentie, il faudrait les attendre pour le moins une heure.

— Une heure, dit le lieutenant, ce sera long. Mais c’est possible. Donc…

Tandis qu’il donnait de nouveaux ordres et qu’il assignait leurs postes aux cyclistes, Paul remonta, et il allait raconter à Bernard la capture du major Hermann lorsque son beau-frère lui annonça :

— Tu sais, Paul, papa est ici avec moi !

Paul tressauta.

— Ton père est ici ? Ton père est venu avec toi ?

— Parfaitement, et de la manière la plus naturelle du monde. Figure-toi qu’il cherchait l’occasion depuis quelque temps déjà… Ah ! à propos, il a été nommé sous-lieutenant interprète.

Paul n’écoutait pas. Il se disait seulement :

« M. d’Andeville est là… M. d’Andeville, le mari de la comtesse Hermine. Il ne peut pas