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L’ÉCLAT D’OBUS
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— Je n’en ai pas. Tout dépendra des circonstances, mais j’ai la conviction que je suis dans la bonne voie.

De fait toutes ses hypothèses se vérifiaient. Au bout de dix minutes ils parvinrent à un carrefour où s’embranchait, vers la droite, un autre tunnel muni également de rails.

— Seconde bifurcation, dit Paul, route de Corvigny. C’est par là que les Allemands ont marché vers la ville pour surprendre nos troupes avant même qu’elles se fussent rassemblées, et c’est par là que passa la paysanne qui t’aborda le soir. L’issue doit se trouver à quelque distance de la ville, dans une ferme peut-être appartenant à cette soi-disant paysanne.

— Et la troisième bifurcation ? dit Bernard.

— La voici, répliqua Paul.

— C’est encore un escalier.

— Oui, et je ne doute pas qu’il ne conduise à la chapelle. Comment ne pas supposer, en effet, que, le jour où mon père a été assassiné, l’empereur d’Allemagne venait examiner les travaux commandés par lui et exécutés sous les ordres de la femme qui l’accompagnait ? Cette chapelle, que les murs du parc n’entouraient pas alors, est évidemment l’un des débouchés du réseau clandestin dont nous suivons l’artère principale.

De ces ramifications Paul en avisa deux autres encore qui, d’après leur emplacement et leur direction, devaient aboutir aux environs de la frontière, complétant ainsi un merveilleux système d’espionnage et d’envahissement.

— C’est admirable, disait Bernard. Voilà de la « kultur », ou je ne m’y connais pas. On voit que ces gens-là ont le sens de la guerre.