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L’ÉCLAT D’OBUS
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qu’il nous soit possible d’aller aussi loin sans encombre.

— Un mauvais point pour eux, dit Bernard ; la « kultur » est en défaut.

Cependant des souffles plus vifs couraient le long des parois. L’air du dehors pénétrait par bouffées fraîches, et ils aperçurent soudain dans l’ombre une lumière lointaine. Elle ne bougeait pas. Tout paraissait calme autour d’elle, comme si c’eût été un de ces signaux fixes que l’on plante aux abords des voies ferrées.

En s’approchant ils se rendirent compte que c’était la lumière d’une ampoule électrique, qu’elle se trouvait à l’intérieur d’une baraque établie à la sortie même du tunnel, et que la clarté se projetait sur de grandes falaises blanches et sur des montagnes de sable et de cailloux.

Paul murmura :

— Ce sont des carrières. En plaçant ici l’entrée de leur tunnel, cela leur permettait de poursuivre les travaux en temps de paix sans éveiller l’attention. Sois sûr que l’exploitation de ces soi-disant carrières se faisait discrètement, dans une enceinte fermée où l’on parquait les ouvriers.

— Quelle « kultur » ! répéta Bernard.

Il sentit la main de Paul qui lui serrait violemment le bras. Quelque chose avait passé devant la lumière, comme une silhouette qui se dresse et qui s’abat aussitôt.

Avec d’infinies précautions ils rampèrent jusqu’à la baraque et se relevèrent à moitié de façon que leurs yeux atteignissent la hauteur des vitres.