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L’ÉCLAT D’OBUS
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emprisonné dans la remise par Paul et par Bernard, de même que le départ, et le retour de l’automobile, signalés par les postes, étendaient singulièrement le champ des investigations.

À midi, on servit à Paul un repas substantiel. Les égards augmentaient. Il y eut de la bière et du café.

— Je serai peut-être fusillé, pensait-il, mais dans les règles, et pas avant que l’on sache exactement quel est le mystérieux personnage que l’on a l’honneur de fusiller, les raisons de son entreprise, et les résultats obtenus. Or, moi seul peux donner les renseignements. Donc…

Il sentait si nettement la force de sa position et la nécessité où l’adversaire se trouvait de contribuer au succès de son plan qu’il ne s’étonna point d’être conduit, une heure plus tard, dans un petit salon de la villa, en présence de deux personnages chamarrés qui le firent fouiller une fois encore, puis attacher avec un luxe de précautions insolite.

— C’est au moins, se dit-il, le chancelier de l’empire qui se dérange en ma faveur… à moins que…

Au fond de lui, étant donné les circonstances, il ne pouvait s’empêcher de prévoir une intervention plus puissante même que celle du chancelier, et lorsqu’il entendit, sous les fenêtres de la villa, une automobile s’arrêter, lorsqu’il constata le trouble des deux personnages chamarrés, il fut convaincu que ses calculs recevaient une éclatante confirmation.

Tout était prêt. Avant même que l’appari-