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L’ÉCLAT D’OBUS
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Toute cette soirée et toute la journée du mercredi treize, Paul les employa en investigations dans les rues de la ville ou sur les bords de l’Aisne. Il s’était mis en relations avec l’autorité militaire. Des officiers et des soldats participaient à ses recherches. Ils fouillèrent plusieurs maisons et interrogèrent plusieurs des habitants.

Bernard s’était offert à l’accompagner, mais il avait refusé obstinément :

— Non. Il est vrai que cette femme ne te connaît pas, mais il ne faut pas qu’elle voie ta sœur. Je te demande donc de rester avec Élisabeth, de l’empêcher de sortir, et de veiller sur elle sans une seconde de répit, car nous avons affaire à l’ennemi le plus terrible qui soit.

Le frère et la sœur vécurent donc toutes les heures de cette journée collés aux vitres de leurs fenêtres. Paul revenait prendre ses repas en hâte. Il était tout frémissant d’espoir.

— Elle est là, disait-il. Elle a dû quitter, ainsi que ceux qui l’ont accompagnée en auto, son déguisement d’infirmière, et elle se tapit au fond de quelque trou, comme une araignée derrière sa toile. Je la vois, le téléphone à la main, et donnant des ordres à toute une bande d’individus, terrés comme elle, et comme elle invisibles. Mais, son plan, je commence à le discerner, et j’ai sur elle un avantage, c’est qu’elle se croit en sécurité. Elle ignore la mort de son complice Karl. Elle ignore mon entrevue avec le kaiser. Elle ignore la délivrance d’Élisabeth. Elle ignore notre présence ici. Je la tiens, l’abominable créature. Je la tiens.

Les nouvelles de la bataille, cependant, ne s’amélioraient pas.