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IX

HOHENZOLLERN



Sans en avoir les dimensions, la cave offrait l’aspect de ces grandes salles voûtées que l’on trouve en Champagne. Des murs propres, un sol égal où couraient des chemins de briques, une atmosphère tiède, une alcôve réservée entre deux tonneaux et fermée par un rideau, des sièges, des meubles, des carpettes, tout cela formait, en même temps qu’une habitation confortable, à l’abri des obus, un refuge certain pour quiconque redoutait les visites indiscrètes.

Paul se rappela les ruines du vieux phare au bord de l’Yser et le tunnel d’Ornequin à Ébrecourt. Ainsi, la lutte se continuait sous terre. Guerre de tranchées et guerre de caves, guerre d’espionnage et guerre de ruse, c’étaient toujours les mêmes procédés sournois, honteux, équivoques, criminels.

Paul avait éteint sa lanterne, de sorte que la salle n’était plus que vaguement éclairée par une lampe à pétrole suspendue à la voûte, et dont la lueur, que rabattait un abat-jour opaque, dessinait un cercle blanc au milieu duquel ils se trouvaient tous deux seuls.

Élisabeth et Bernard restaient en arrière, dans l’ombre.