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L’ÉCLAT D’OBUS

lu l’histoire de vos crimes, et la copie de vos lettres, et certaines de vos lettres elles-mêmes. Il prévoyait qu’un jour ou l’autre, une fois votre œuvre accomplie, vous le sacrifieriez à votre sécurité, et il se vengeait d’avance… Il se vengeait comme le garde Jérôme et sa femme Rosalie, sur le point d’être fusillés par votre ordre, se sont vengés en révélant à Élisabeth votre rôle mystérieux au château d’Ornequin. Voilà vos complices ! Vous les tuez, mais ils vous perdent. Ce n’est plus moi qui vous accuse. Ce sont eux. Leurs lettres, leurs témoignages sont déjà entre les mains de vos juges. Que pouvez-vous répondre ?

Paul se tenait contre elle presque. À peine si le coin de la table les séparait l’un de l’autre, et il la menaçait de toute sa colère et de toute son exécration.

Elle recula jusqu’au mur, sous un portemanteau où étaient pendus des vêtements, des blouses, toute une défroque qui devait lui servir à se déguiser. Bien que cernée, prise au piège, confondue par tant de preuves, démasquée et impuissante, elle gardait une attitude de défi et de provocation. La partie ne semblait pas perdue pour elle. Des atouts restaient dans son jeu. Et elle dit :

— Je n’ai pas à répondre. Vous parlez d’une femme qui a commis des crimes. Et je ne suis pas cette femme. Il ne s’agit pas de prouver que la comtesse Hermine est une espionne et une criminelle. Il s’agit de prouver que je suis la comtesse Hermine. Or qui peut le prouver ?

— Moi !

À l’écart des trois officiers que Paul avait indiqués comme faisant fonction de juges, il y en