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L’ÉCLAT D’OBUS
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avait un quatrième, entré en même temps, et qui avait écouté dans le même silence et dans la même immobilité.

Celui-là s’avança.

La lueur de la lampe illumina sa figure.

La comtesse murmura :

— Stéphane d’Andeville… Stéphane…

C’était en effet le père d’Élisabeth et de Bernard.

Il était très pâle, affaibli par les blessures qu’il avait reçues et dont il commençait seulement à se remettre.

Il embrassa ses enfants. Bernard lui dit avec émotion :

— Ah ! te voici, père.

— Oui, dit-il, j’ai été averti par le général en chef, et je suis venu à l’appel de Paul. Un rude homme que ton mari, Élisabeth. Tantôt, déjà, quand nous nous sommes retrouvés dans les rues de Soissons, il m’avait mis au courant. Et maintenant, je me rends compte de tout ce qu’il a fait… pour écraser cette vipère.

Il s’était posé face à la comtesse, et l’on sentait toute l’importance des mots qu’il allait dire. Un moment, elle baissa la tête devant lui. Mais ses yeux redevinrent bientôt provocants. Et elle articula :

— Vous aussi, vous venez m’accuser ? Qu’avez-vous à dire contre moi, à votre tour ? Des mensonges, n’est-ce pas ? Des infamies ?

Il attendit qu’un long silence eût recouvert ces paroles. Puis, lentement, il prononça :

— Je viens d’abord en témoin, qui apporte sur votre identité l’attestation que vous réclamiez tout à l’heure. Vous vous êtes présentée jadis sous un nom qui n’était pas le vôtre, et