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L’ÉCLAT D’OBUS

se referme, et, presque en même temps, au milieu de la cave une détonation.

Bernard avait tiré dans le tas des vêtements. Et déjà il s’élançait vers la porte cachée lorsque Paul l’empoigna et le cloua sur place.

Bernard se débattit sous l’étreinte.

— Mais elle nous échappe !… Et tu l’as laissée faire ? Enfin, quoi ! Tu te rappelles pourtant bien le tunnel d’Ébrecourt et le système des fils électriques ?… C’est la même chose !… Et la voici qui s’enfuit !…

Il ne comprenait rien à la conduite de Paul. Et sa sœur était comme lui, indignée. C’était là l’immonde créature qui avait tué leur mère, qui avait pris le nom et la place de leur mère, et on la laissait échapper !

Élisabeth cria :

— Paul, Paul, il faut la poursuivre… il faut l’écraser… Paul, oublies-tu donc tout ce qu’elle a fait ?

Elle ne l’avait pas oublié, elle. Elle se souvenait du château d’Ornequin, et de la villa du prince Conrad, et du soir où elle avait dû vider une coupe de Champagne, et du marché qu’on lui avait imposé, et de toutes les hontes, et de toutes les tortures…

Mais Paul ne prêtait attention ni au frère, ni à la sœur, pas plus que les officiers et que les soldats. Tous observaient la même consigne d’impassibilité. Aucun événement n’avait prise sur eux.

Il s’écoula deux à trois minutes durant lesquelles on échangea quelques paroles à voix basse, sans que personne pourtant ne remuât de sa place. Défaillante et brisée par l’émotion, Élisabeth pleurait. Bernard, que les sanglots