Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/264

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mois de juin. C’est l’époque fixée pour l’exécution des trente victimes. Évidemment, elle a été fixée par le frère Thomas parce que juin rime avec Caïn et avec destin ; de même que l’année quatorze et trois s’accouple avec effrois et croix ; de même que le frère Thomas s’est arrêté au nombre de trente victimes parce que c’est le nombre des écueils et des dolmens de Sarek. Mais, pour Vorski, la consigne est formelle. En juin 17, il faut trente victimes. On les aura… On les aura, à condition, cependant, que les vingt-neuf habitants de Sarek — nous verrons tout à l’heure que Vorski a sous la main sa trentième victime — veuillent bien rester dans l’île et attendre leur immolation. Or, voici que, soudain, Vorski apprend le départ d’Honorine et de Maguennoc. Honorine reviendra à temps. Mais Maguennoc ? Vorski n’hésite pas : il lance sur ses traces Elfride et Conrad avec ordre de le tuer et d’attendre. Il hésite d’autant moins qu’il suppose, d’après certaines paroles entendues, que Maguennoc a emporté avec lui la pierre précieuse, le bijou miraculeux auquel on ne peut toucher, mais qu’on doit laisser dans son étui de plomb. (C’est l’expression même de Maguennoc.)

« Elfride et Conrad partent donc. Dans une auberge, un matin, Elfride mêle du poison à la tasse de café qu’avale Maguennoc. (La prophétie n’annonce-t-elle pas qu’il y aura empoisonnement ? ) Maguennoc reprend sa route. Mais, au bout de quelques heures, il est pris de souffrances intolérables et meurt, presque instantanément, sur le bord du talus. Elfride et Conrad accourent, fouillent et vident les poches. Rien. Pas de bijou. Pas de pierre précieuse. Les espérances de Vorski ne se sont pas réalisées. Tout de même le cadavre est là. Que faire ? On le jette provisoirement dans une cabane à moitié démolie, où quelques mois auparavant ont déjà passé Vorski et ses complices. C’est là que Véronique d’Hergemont le découvre… et c’est là qu’elle ne le retrouve plus une heure après, Elfride et Conrad, qui surveillent aux alentours, l’ayant fait disparaître et l’ayant caché, toujours provisoirement, dans les caves d’un petit château abandonné.