Page:Leblanc - L’Île aux trente cercueils.djvu/95

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paquets de chocolat et deux boîte de conserves. Et tous ces paquets étaient muni d’une ficelle terminée par une boucle, d’où il fallait que Tout-Va-Bien se fût dégagé la tête.

« Qu’est-ce que cela signifie ? dit Véronique stupéfaite. C’est toi qui les a fourrés là-dessous ? Mais qui te les avait donnés ? Nous avons donc réellement un ami dans l’île, qui nous connaît, qui connaît Stéphane Maroux ? Peux-tu me conduire auprès de cet ami ? Il doit habiter de ce côté de l’île, puisqu’il n’y a pas de communication avec l’autre, et que tu n’as pas pu y aller ? »

Véronique réfléchissait. Mais, en même temps que les provisions déposées par Tout-Va-Bien, elle avait avisé sous le lit une petite valise de toile, et elle se demandait la raison pour laquelle Stéphane Maroux avait caché cette valise. Elle se crut le droit de l’ouvrir et d’y chercher des indications sur le rôle joué par le professeur, sur son caractère, sur son passé peut-être, sur ses relations avec M. d’Hergemont et avec François.

« Oui, dit-elle, j’en ai le droit et même le devoir.  »

Sans hésitation, à l’aide d’une paire de grands ciseaux, elle fit sauter la frêle serrure.

La valise ne contenait qu’un registre, fermé par un caoutchouc. Mais elle n’avait pas soulevé la couverture de ce registre qu’elle demeura confondue.

À la première page, il y avait son portrait à elle, sa photographie de jeune fille, avec sa propre signature en toutes lettres, et cette dédicace : À mon ami Stéphane.

« Je ne comprends pas… je ne comprends pas… murmura-t-elle. Je me rappelle bien cette photographie… je devais avoir seize ans… Mais comment la lui avais-je offerte à lui ? Je le connaissais donc ? »

Avide d’en savoir davantage, elle lut la page suivante, sorte d’avant-propos ainsi formulé :

« Véronique, je veux vivre sous vos yeux. Si j’entreprends l’éducation de votre fils, de ce fils que je devrais détester, puisqu’il est le fils d’un autre, et que j’aime puisqu’il est votre fils, c’est pour que ma