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L’AGENCE BARNETT ET Cie

il acquiesçait aux pires injures. Il conclut simplement : « Barnett…

— Barnett », répondit l’autre.

Le général Desroques riait de bon cœur. Barnett lui dit : « Vous m’excuserez, mon général. Mais quand je réussis, j’ai un trop-plein de joie qui se manifeste par de petits exercices acrobatiques ou chorégraphiques parfaitement ridicules.

— Alors, vous avez réussi, monsieur Barnett ?

— Je le crois, dit Barnett, et grâce à mon vieil ami Béchoux. Mais ne le faisons pas attendre. Commençons par le commencement. »

Barnett s’assit. Le général et lui allumèrent des cigarettes, et il prononça gaiement :

« Eh bien, voilà, Béchoux. C’est en Espagne que je reçus d’un ami commun une dépêche me demandant mon concours pour le général Desroques. J’étais en voyage amoureux, tu te rappelles, avec une dame charmante, mais l’amour de part et d’autre languissait un peu. Je saisis cette occasion de reprendre ma liberté, et je revins en compagnie d’une adorable bohémienne rencontrée à Grenade. Tout de suite, l’affaire me plut, pour cette raison que tu t’en occupais, et très vite j’arrivai à cette conclusion que s’il existait, contre le député Desroques ou en sa faveur, une preuve quelconque, on devait la demander au gardien de la paix qui avait barré le passage. Or là, je te l’avoue, Béchoux, malgré tous mes moyens d’action et toutes les ressources dont je dispose, je n’ai pu réussir à connaître le nom de ce brave homme. Comment faire ? Les jours passaient. L’épreuve devenait dure pour le général et pour son fils. Un seul espoir, toi. »