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L’HOMME AUX DENTS D’OR

baron. L’abbé Dessole, qui désire à tout prix éviter le scandale, vous demande simplement de lui rendre les objets précieux. Moyennant quoi, quitus. »

M. de Gravières leva la tête, considéra un instant son terrible adversaire et, sous le regard inflexible du vainqueur, murmura :

« On ne portera pas plainte ?… On ne parlera de rien ?… M. le curé s’y engage ?…

— De rien, je m’y engage, fit l’abbé Dessole. J’oublierai tout, dès que le trésor aura repris sa place. Mais est-ce possible, monsieur le baron ? C’est vous ! c’est vous qui avez commis un tel forfait ! Vous en qui j’avais tant de confiance ! Un de mes fidèles paroissiens ! »

M. de Gravières chuchota humblement, comme un enfant qui avoue sa faute et se soulage en la racontant :

« Ça a été plus fort que moi, monsieur le curé. Je pensais tout le temps à ce trésor, qui était là, à portée de ma main… Je résistais… je ne voulais pas… et puis la chose s’est combinée en moi…

— Est-ce possible ! répétait l’abbé douloureusement. Est-ce possible !

— Oui… j’avais perdu de l’argent en spéculations. Comment vivre ? Tenez, monsieur le curé, depuis deux mois j’ai réuni dans une partie de mon garage tous mes meubles anciens, de belles pendules, des tapisseries. Je voulais les vendre… J’aurais été sauvé. Et puis, ça me crevait le cœur… et le quatre mars approchait… Alors la tentation… l’idée de faire le coup comme je l’avais combiné… J’ai succombé… Pardonnez-moi…

— Je vous pardonne, dit l’abbé Dessole, et je prierai Dieu qu’il ne vous punisse pas trop sévèrement. »