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L’AIGUILLE CREUSE

— Vite ! Vite ! lui cria-t-on. Qu’attendez-vous ?

Il tira une feuille, pliée en deux.

— Eh bien, lisez !… Il y a des mots à l’encre rouge… tenez… on dirait du sang… du sang tout pâle… lisez donc !

Il lut :

À vous, Fersen. Pour mon fils, 16 octobre 1793… Marie-Antoinette.

Et soudain, Beautrelet poussa une exclamation de stupeur. Sous la signature de la reine, il y avait… il y avait, à l’encre noire, deux mots soulignés d’un paraphe… deux mots : « Arsène Lupin ».

Tous, chacun à son tour, ils saisirent la feuille, et le même cri s’échappait aussitôt :

— Marie-Antoinette… Arsène Lupin.

Un grand silence les réunit. Cette double signature, ces deux noms accouplés, découverts au fond du livre d’heures, cette relique où dormait, depuis plus d’un siècle, l’appel désespéré de la pauvre reine, cette date horrible, 16 octobre 1793, jour où tomba la tête royale, tout cela était d’un tragique morne et déconcertant.

— Arsène Lupin, balbutia l’une des voix, soulignant ainsi ce qu’il y avait d’effarant à