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L’AIGUILLE CREUSE

de l’Aiguille creuse. Il demandait du secours pour achever l’œuvre et donnait son adresse.

En attendant la réponse, il passa deux nuits consécutives dans la chambre des Demoiselles. Il les passa, transi de peur, les nerfs secoués d’une épouvante qu’exaspéraient les bruits nocturnes… Il croyait à tout instant voir des ombres qui s’avançaient vers lui. On savait sa présence dans la grotte… on venait… on l’égorgeait…

Son regard pourtant, éperdument fixe, soutenu par toute sa volonté, s’accrochait au pan de mur.

La première nuit rien ne bougea, mais la seconde, à la clarté des étoiles et d’un mince croissant de lune, il vit la porte s’ouvrir et des silhouettes qui émergeaient des ténèbres. Il en compta deux, trois, quatre, cinq…

Il lui sembla que ces cinq hommes portaient des fardeaux assez volumineux. Ils coupèrent droit par les champs jusqu’à la route du Havre et il discerna le bruit d’une automobile qui s’éloignait.

Il revint sur ses pas, il côtoya une grande ferme. Mais au détour du chemin qui la bordait, il n’eut que le temps d’escalader un talus et de se dissimuler derrière des arbres. Des hommes encore passèrent, quatre… cinq… et