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lui fut ouverte. Tandis que, pour l’accompagner, les deux cousins prenaient leur chapeau dans une pièce voisine, Raoul sortit du salon comme un familier de la maison, tendit la main au docteur à qui le concierge avait, de sa loge, ouvert la porte, et s’en alla tranquillement.

À 10 heures du Soir, il quittait la ville de Caen. Surpris en route par un violent orage, accompagné de rafales d’eau, il couchait à Lisieux, et ne franchissait le pont du Pecq, au bas de la côte de Saint-Germain, qu’assez tard dans la matinée.

Son chauffeur s’y trouvait, en faction.

— Eh bien, qu’y a-t-il ? Du nouveau ? dit Raoul.

L’homme s’assit vivement près de lui :

— Oui, patron, j’avais peur que vous ne reveniez par une autre route !…

— Raconte.

— L’inspecteur Goussot a perquisitionné ce matin.

— Chez moi ? au Clair-Logis ? Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ?

— Non, pas chez vous, au pavillon…

— Chez Félicien ? Il était là ?

— Oui, revenu d’hier soir. On a fouillé en sa présence.

— Qu’est-ce qu’ils ont découvert ?

— Je ne sais pas.

— Ils l’ont emmené ?

— Non. Mais la villa est cernée. Défense à Félicien de sortir. Le personnel doit lui-même demander l’autorisation aux agents. J’ai prévu le coup et suis sorti d’avance.

— Pas question de moi, dans tout cela ?

— Si.

— Un mandat ?

— Je ne sais pas… En tout cas, Goussot a un papier de la préfecture qui vous concerne. Et on guette votre retour.

— Diable ! tu as rudement bien fait de me barrer le chemin. Pas la peine de me jeter dans la souricière.

Entre ses dents, il prononça :

— Qu’est-ce qu’on peut bien vouloir ? M’arrêter ? Non, non… ils n’oseraient bas. Tout de même… tout de même, il se peut bien qu’ils perquisitionnent… Et après ?

Au bout d’un instant, il prescrivit :

— Rentre. Moi, je ne bouge pas de notre maison du Ranelagh, sauf demain matin. L’après-midi je te téléphonerai.

— Mais Goussot ? ses hommes ?…

— S’ils ne sont pas partis à ce moment-là, c’est que tout est fichu. Alors débrouillez-vous. Ah ! un mot encore… Faustine ?…

— Ils ont parlé d’elle… Ils devaient passer à la clinique… tantôt, je crois.

— Oh ! oh ! ça devient grave… Décampe.

Le chauffeur décampa. Raoul, pour éviter la route Nationale et le Vésinet, fit le tour de la presqu’île par Croissy-sur-Seine, et remonta jusqu’à Chatou.

Du bureau de poste, il téléphona à la clinique :

Mlle Faustine, s’il vous plait ?

— De la part de qui ?

Il dut donner son nom.

— De la part de M. d’Averny.

On appela la jeune femme.

— C’est vous, Faustine ? C’est moi, d’Averny… Voilà… Vous êtes menacée… Croyez-moi… Il faut se mettre à l’abri. Réglez votre hôtel, rejoignez-moi hors de Chatou, sur la route de Croissy. Ne vous pressez pas. Vous avez le temps.

Elle ne répondit pas. Mais trente