Page:Leblanc - La Cagliostro se venge, paru dans Le Journal, 1934.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

convenu que Félicien irait le voir à Caen. Prévoyant le cas où il serait plus malade, Georges Dugrival me remit les clefs nécessaires pour que Félicien pût, au besoin, entrer dans la maison sans être vu ni dérangé, et ouvrir le coffre-fort où se trouvait maintenant l’écrin de cuir. Les choses se sont passées ainsi, Félicien a ouvert le coffre-fort. Et l’écrin est ici, dans ce tiroir. Il contient la bague, semblable à celle qui a été volée, et, dès lors, je puis agir. Si la bague que tu prétendais tenir de ta mère et que tu dois me donner, le jour de notre mariage, est semblable à celle qui est dans cet écrin, c’est que tu l’as volée pour me faire ton cadeau de noces, et c’est que tu es l’assassin d’Élisabeth et de Simon Lorient. Seulement, pour avoir cette preuve, il me fallait définitivement t’épouser. Félicien s’y opposa, et même par la force. Bouleversé par l’idée que je porterais ton nom, ne fût-ce qu’un jour, il m’enleva. Obstacle inutile. Ce qui devait être, fut. Et ce matin, tu m’as offert la bague. Comprends-tu que, malgré toutes mes certitudes et malgré ma haine, je me sois trouvée mal en la voyant, — car les deux bagues sont identiques, même monture et mêmes diamants — en voyant la preuve irrécusable de ton crime ? Comprends-tu maintenant, misérable, comprends-tu ?…

La voix de Rolande se faisait de plus en plus âpre. Elle frémissait de mépris et de haine. De tout son être, la jeune fille menaçait et insultait.