Page:Leblanc - La Cagliostro se venge, paru dans Le Journal, 1934.djvu/93

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rendait compte et qu’il savourait. Vraiment, ce Félicien avait parfois de l’allure. Au milieu des angoisses, traqué par la police, de quoi s’occupait-il ? De conquérir Faustine et d’enlever Rolande ! Au lieu de se défendre ou se garder contre le danger, il demeurait en pleine bataille et même prenait l’offensive, quoi qu’il pût advenir. Le gredin, quelle audace !

À Rambouillet, la longue rue pavée et tortueuse les força à ralentir, d’autant plus que deux voies s’offraient pour Chartres et Tours.

— Prenons au hasard, dit Raoul.

Jérôme s’effarait, ayant perdu tout contrôle sur lui.

— Le lâche ! J’avais bien dit à Rolande de se méfier ! Un sournois… un hypocrite. Sans compter tout le reste. Oui, tout le reste. Moi, j’ai mon idée sur toutes ces histoires de l’Orangerie… Ah ! si je pouvais le tenir !

Il tendait les poings en avant. Raoul pensa qu’il était haut, solide, bien bâti, très sportif et qu’il écraserait aisément Félicien, plus mince et moins solide d’aspect. Mais rien n’eût empêché Raoul de pousser à fond et d’atteindre le fugitif dont sa rancune exigeait la défaite.

Et, soudain, après un tournant, la voiture jaune apparut, trois ou quatre cents mètres plus loin. L’auto de Raoul sembla doubler de vitesse en une seconde, comme un cheval de course aux dernières foulées. Aucun obstacle, aucune distance ne pouvait faire désormais que le ravisseur ne fût capturé.