Page:Leblanc - La Femme aux deux sourires, paru dans Le Journal, 1932.djvu/56

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Une quarantaine d’individus obéirent, face aux agents. Mais la poussée, vers le comptoir, de ceux qui cherchaient à s’enfuir fut si violente que le jockey anglais, quoique le premier debout, ne put se frayer un passage jusqu’au grand Paul. La patronne eut beau protester, son comptoir fut renversé. Il masquait une porte secrète par où s’engouffrèrent un à un, dans le désordre et dans le tumulte, les fugitifs. Il y eut, durant quelques secondes, un arrêt brusque : deux d’entre eux, exaspérés, luttaient à qui passerait le premier. Le jockey anglais, monté sur une chaise, reconnut l’Arabe et le grand Paul.

Le corps à corps fut effrayant de brutalité. Ni l’un ni l’autre ne voulaient être pris par les agents qui avançaient. Deux balles furent tirées, qui ne les atteignirent point. Puis l’Arabe tomba à genoux. Le grand Paul s’engouffra dans le trou noir de l’issue, et referma la porte sur lui, au moment même où les agents intervenaient. Ils se heurtèrent à l’obstacle rigide d’une porte barricadée.

Gorgeret, accourant, eut un rire de triomphe. Cinq des hommes de la bande se cognaient contre l’obstacle.

— De belles pièces au tableau, grogna-t-il.

— Surtout, ajouta le jockey, de manière à être entendu par lui, surtout si le grand Paul est pincé au débouché…

Gorgeret observa cet Anglais et reconnut Raoul. Il affirma :

— C’est réglé. J’y ai mis Flamant, un type solide !

— Allez-y, monsieur l’inspecteur. Ça vaut mieux.

Gorgeret formula ses instructions. On ligotait ceux de la bande. On accula les autres dans un coin, sous la menace des revolvers.

Raoul retint l’inspecteur.

— Une seconde. Donnez l’ordre qu’on me laisse dire quelques mots à l’Arabe, qui est là. Il est à point