Page:Leblanc - La Peur du vertige, paru dans Candide, 1925.djvu/21

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évidemment l’impression que je me refusais à renouer l’aventure, que je ne voulais pas la voir, elle et son fils, et qu’elle recevrait une lettre d’excuses.

« Cette lettre, elle ne la reçut point, Gassereaux, pour la raison qu’il me fut impossible de la composer. Les phrases les plus habiles me semblaient injurieuses, maladroites, absurdes, infiniment cruelles. Tout de même elle avait, durant son existence âpre et austère, trouvé quelque consolation à suivre de loin les progrès de ma vie, puisqu’elle avait tout avoué à son fils, et que mes photographies occupaient la place d’honneur dans la petite maison de Guérande. Et j’allais la détromper ! mettre en lumière la vilaine réalité ! ajouter à tant de déboires, la honte et le mensonge de cette naissance, introduire, auprès de la mère et du fils, le bohème et l’escroc Déjancourt ! Je n’en eus pas le courage. Après tout, il s’agissait d’une simple rencontre sans lendemain, et que je saurais bien réduire aux proportions d’un incident banal.

« L’entrevue eut donc lieu. Stéphane me plut beaucoup. Il est tout sa mère, physi-