Page:Leblanc - La Peur du vertige, paru dans Candide, 1925.djvu/26

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harmonieux et noble.

Gassereaux sourit.

— Un beau spectacle, dit-il, auquel tu as voulu participer comme acteur. Avec ton instinct de conquérant, tu as deviné que le meilleur moyen de plaire à Marceline était de te conformer à son idéal, de brûler les dieux que tu adorais, et d’afficher des préceptes.

— Non, dit Vérange gravement, je suis sincère.

— Peut-être, mais tu es plus encore amoureux. Et tu as tendu tes pièges.

— Il n’y a pas de pièges avec elle. La loyauté seule peut réussir.

Gassereaux se leva. Il riait franchement.

— La loyauté ? Mais, mon petit, ton amour n’est que duplicité, embûche et trahison… ainsi que tous les amours du reste. Tu embrasses Stéphane comme s’il était ton fils, et c’est le fils de Déjancourt. Tu laisses croire à Marceline qu’elle a été ta maîtresse, et tu n’as pas touché à un seul de ses cheveux. Tu parles de loyauté. Mais tu es si empêtré dans tes mensonges que tu ne sais plus comment en sortir ! Allons, avoue-le, n’ai-je pas raison ? Avoue que tu te débats dans les ténèbres, comme un aveugle, et que tu ne sais plus que faire…