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huit heures, descendait devant la gare de Paris-Lyon, et s’installait au buffet où elle commanda son repas.

Raoul s’assit à l’écart.

Le dîner fini, elle fuma deux cigarettes, puis, vers 9 h. 30, retrouva devant les grilles un employé de la Compagnie Cook qui lui donna son billet et son bulletin de bagages. Après quoi, elle gagna le rapide de 9 h. 46.

— Cinquante francs, offrit Raoul à l’employé, si vous me dites le nom de cette dame.

— Lady Bakefield.

— Où va-t-elle ?

— À Monte-Carlo, monsieur. Elle est dans la voiture numéro cinq.

Raoul réfléchit, puis se décida. Les yeux bleus valaient le déplacement. Et puis c’est en suivant les yeux bleus qu’il avait connu les yeux verts, et l’on pouvait peut-être, par l’Anglaise, retrouver le bellâtre, et par le bellâtre arriver aux yeux verts.

Il retourna prendre un billet pour Monte-Carlo et se précipita sur le quai.

Il avisa l’Anglaise au haut des marches d’une voiture, se glissa parmi des groupes, et la revit, à travers les fenêtres, debout, et défaisant son manteau.

Il y avait très peu de monde. C’était quelques années avant la guerre, à la fin d’avril, et ce rapide, assez incommode, sans wagons-lits ni restaurant, n’emportait vers le Midi que d’assez rares voyageurs de première classe. Raoul ne compta que deux hommes, qui occupaient le compartiment situé tout à l’avant de cette même voiture numéro cinq.

Il se promena sur le quai, assez