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Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/115

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» Or j’avais tout juste six ans quand il nous pria, par lettre, maman et moi, de le rejoindre à l’insu de tout le monde. Un soir, nous avons pris le train et nous sommes restées deux jours auprès de lui. Au moment de repartir, ma mère me dit en sa présence :

» — Aurélie, ne révèle jamais à personne où tu as été durant ces deux jours, ni ce que tu as fait, ni ce que tu as vu. C’est un secret qui t’appartient comme à nous désormais et qui, lorsque tu auras vingt ans, te donnera de grandes richesses.

» — De très grandes richesses, confirma mon grand-père d’Asteux. Aussi jure-nous de ne jamais parler de ces choses à personne, quoi qu’il arrive.

» — À personne, rectifia ma mère, sauf à l’homme que tu aimeras et dont tu seras sûre comme de toi-même.

» Je fis tous les serments qu’on exigea de moi. J’étais très impressionnée et je pleurais.

» Quelques mois plus tard, maman se remariait avec Brégeac. Mariage qui ne fut pas heureux et qui dura peu. Dans le courant de l’année suivante, ma pauvre mère mourait d’une pleurésie, après m’avoir remis furtivement un bout de papier qui contenait toutes les indications sur le pays visité et sur ce que je devais faire à vingt ans. Presque aussitôt, mon grand-père d’Asteux mourut aussi. Je restai donc seule avec mon beau-père Brégeac, lequel se débarrassa de moi en m’envoyant aussitôt dans cette maison de Sainte-Marie.