Page:Leblanc - La demoiselle aux yeux verts, paru dans Le Journal, du 8 déc 1926 au 18 jan 1927.djvu/132

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la mienne… et non pas un baiser de haine et de dégoût, mais un baiser volontaire, comme d’aussi belles et de plus difficiles que vous m’en ont donné, Aurélie… un baiser d’amoureuse… Mais, réponds donc, sacrebleu ! s’écria-t-il, dans une explosion de rage. Réponds-moi que tu acceptes. J’en ai assez de tes airs de damnée ! Réponds, ou bien je t’empoigne, et ce sera le baiser quand même, et quand même la prison !

Cette fois, la main s’abattit sur l’épaule avec une violence irrésistible, tandis que l’autre main, saisissant Aurélie à la gorge, lui fixa la tête contre le treillage, et que les lèvres descendirent… Mais le geste ne fut pas achevé. Marescal sentit que la jeune fille s’affaissait sur elle-même. Elle s’évanouit.

L’incident troubla profondément Marescal. Il était venu sans plan précis, en tout cas sans autre plan que celui de parler, et en une heure, avant l’arrivée de Brégeac, d’obtenir des promesses solennelles et la reconnaissance de son pouvoir. Or, voilà que le hasard lui offrait une victime inerte et impuissante.

Il demeura quelques secondes courbé sur elle, la regardant de ses yeux avides, et regardant autour de lui cette salle de feuillage, close et discrète. Nul témoin. Aucune intervention possible.

Mais une autre pensée le conduisit jusqu’au parapet, et, par la brèche pratiquée au milieu des arbustes, il contempla le vallon désert, la forêt aux arbres noirs, toute ténébreuse et mystérieuse, où il avait remarqué, en passant, l’orifice des