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Sa voix se faisait plus sérieuse. Il répéta :

— Parlons… puisque tu y tiens, Marescal. Aussi bien, parler, c’est agir, et rien ne vaut la réalité solide de certaines paroles. Si je suis le maître de la situation, je le suis pour des raisons encore secrètes, mais qu’il me faut exposer si je veux donner à ma victoire des bases inébranlables… et te convaincre.

— De quoi ?

— De l’innocence absolue de mademoiselle, dit nettement Raoul.

— Oh ! oh ! ricana le commissaire, elle n’a pas tué ?

— Non.

— Et toi non plus, peut-être ?

— Moi non plus.

— Qui donc a tué ?

— D’autres que nous.

— Mensonges !

— Vérité. D’un bout à l’autre de cette histoire, Marescal, tu t’es trompé. Je te répète ce que je t’ai dit à Monte-Carlo : c’est à peine si je connais mademoiselle. Quand je l’ai sauvée en gare de Beaucourt, je ne l’avais aperçue qu’une fois, l’après-midi, au thé du boulevard Haussmann. C’est à Sainte-Marie seulement que nous avons eu, elle et moi, quelques entrevues. Or, au cours de ces entrevues, elle a toujours évité de faire allusion aux crimes du rapide, et je ne l’ai jamais interrogée. La vérité s’est établie en dehors d’elle, grâce à mes efforts acharnés, et grâce surtout à ma conviction instinctive, et cependant solide comme un raisonnement, qu’avec son pur visage on n’est pas une criminelle.