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saprelote, les moyens d’action qu’il emploie sont rudement efficaces !

Les événements donnèrent une nouvelle force à la supposition de Lupin. Trois jours après, il vint un autre visiteur, qui remit à Daubrecq une somme importante. Et il en vint un autre le surlendemain, qui laissa un collier de perles.

Le premier se nommait Dechaumont, sénateur, ancien ministre. Le second était le marquis d’Albufex, député bonapartiste, ancien chef du bureau politique du prince Napoléon.

Pour ces deux-là, la scène fut à peu près semblable à l’entretien du député Langeroux, scène violente et tragique qui se termina par la victoire de Daubrecq.

— Et ainsi de suite, pensa Lupin, quand il eut ces renseignements. J’ai assisté à quatre visites. Je n’en saurai pas davantage s’il y en a dix, vingt ou trente… Il me suffit de connaître, par mes amis en faction, le nom des visiteurs. Irai-je les voir ?… Pour quoi faire ? Ils n’ont aucune raison pour se confier à moi. D’autre part, dois-je m’attarder ici à des investigations qui n’avancent pas et que Victoire peut tout aussi bien continuer seule ?

Il était fort embarrassé. Les nouvelles de l’instruction dirigée contre Gilbert et Vaucheray devenaient de plus en plus mauvaises, les jours s’écoulaient, et il n’était pas une heure sans se demander — et avec quelle angoisse ! — si tous ses efforts n’aboutiraient pas, en admettant qu’il réussît, à des résultats dérisoires et absolument étrangers au but qu’il poursuivait.

Car enfin, une fois démêlées les manœuvres clandestines de Daubrecq, aurait-il pour cela les moyens de secourir Gilbert et Vaucheray ?

Ce jour-là, un incident mit fin à son indécision. Après le déjeuner, Victoire entendit, par bribes, une conversation téléphonique de Daubrecq.

De ce que rapporta Victoire, Lupin conclut que le député avait rendez-vous, à