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Ils se tenaient contre la porte, courbés comme des lutteurs qui se tâtent et cherchent à s’empoigner. Des os craquèrent. À la première défaillance, le vaincu était pris à la gorge, étranglé. Et cela se passait dans un silence brusque, les acteurs sur la scène écoutant l’un d’eux qui parlait à voix basse.

La femme, écrasée contre la cloison, terrifiée, les regardait. Que, par un geste, elle prît parti pour l’un ou pour l’autre, la victoire aussitôt se décidait pour celui-là.

Mais qui soutiendrait-elle ? Qu’est-ce que Lupin pouvait représenter à ses yeux ? un ami ou un ennemi ?

Vivement, elle gagna le devant de la baignoire, enfonça l’écran, et, le buste penché, sembla faire un signe. Puis elle revint et tâcha de se glisser jusqu’à la porte.

Lupin, comme s’il eût voulu l’aider, lui dit :

— Enlevez donc la chaise.

Il parlait d’une lourde chaise qui était tombée, qui le séparait de Daubrecq, et par-dessus laquelle ils combattaient.

La femme se baissa et tira la chaise. C’était ce que Lupin attendait.

Délivré de l’obstacle, il allongea sur la jambe de Daubrecq un coup de pied sec avec la pointe de sa bottine. Le résultat fut le même que pour le coup qu’il avait donné sur le bras. La douleur provoqua une seconde d’effarement, de distraction, dont il profita aussitôt pour rabattre les mains tendues de Daubrecq, et pour lui planter ses dix doigts autour de la gorge et de la nuque.

Daubrecq résista. Daubrecq essaya d’écarter les mains qui l’étouffaient, mais il suffoquait déjà et ses forces diminuaient.

— Ah ! vieux singe ! grogna Lupin en le renversant. Pourquoi n’appelles-tu pas au secours ? Faut-il que tu aies peur du scandale !

Au bruit de la chute, on frappa contre la cloison, de l’autre côté.

— Allez toujours, fit Lupin à mi-voix, le drame est sur la scène. Ici, c’est mon af-