lis. Elle devait avoir cassé sa chaîne, car un bruit de ferraille l’accompagnait. Patrice s’arc-bouta. Mais à travers les ténèbres, il vit que Ya-Bon passait devant lui pour le protéger, et, presque aussitôt, le choc eut lieu.
— Hardi, Ya-Bon, pourquoi ne m’as-tu pas laissé en avant ? Hardi, mon gars… me voilà.
Les deux adversaires avaient roulé sur l’herbe. Patrice se courba, cherchant à secourir le nègre. Il toucha le pelage d’une bête puis les vêtements de Ya-Bon. Mai tout cela se convulsait à terre en un bloc si uni et combattait avec une telle frénésie que son intervention ne pouvait servir à rien.
D’ailleurs, la lutte fut brève. Au bout de quelques minutes, les adversaires ne bougeaient plus. Un râle confus sortait du groupe qu’ils formaient.
— Eh bien ? Eh bien, Ya-Bon ? murmurait le capitaine, anxieux.
Le nègre se releva en grognant. À la lueur d’une allumette, Patrice vit qu’il tenait au bout de son bras, de son bras unique avec lequel il lui avait fallu se défendre, un énorme chien qui râlait, serré à la gorge par cinq doigts implacables. Une chaîne brisée pendait de son collier.
— Merci, Ya-Bon, je l’ai échappé belle. Maintenant tu peux le lâcher. Il doit être inoffensif.
Ya-Bon obéit. Mais il avait sans doute serré trop fort. Le chien se tordit un instant sur l’herbe, poussa quelques gémissements et demeura immobile.
— Le pauvre animal, dit Patrice, il n’avait pourtant fait que son devoir en se jetant sur les cambrioleurs que nous sommes. Faisons le nôtre, Ya-Bon, qui est beaucoup moins clair.