Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/121

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« Mais non, mon vieux, tu te trompes. Si je t’avais écrit ou téléphoné, tu ne serais pas venu… ou bien tu serais venu avec un régiment. Or je voulais te voir tout seul, et j’ai pensé qu’il n’y avait qu’à envoyer ces deux braves gens à ta rencontre, avec ordre de semer des peaux d’orange, de dessiner des croix et des cercles, bref, de te tracer un chemin jusqu’ici… Eh bien, quoi ? tu as l’air ahuri. Qu’y a-t-il ? Tu ne me reconnais pas, peut-être ? Lupin… Arsène Lupin… Fouille dans ta mémoire… Ce nom-là ne te rappelle pas quelque chose ?

— Animal, grinça Ganimard entre ses dents.

Lupin sembla désolé, et d’un ton affectueux :

« Tu es fâché ? Si, je vois ça à tes yeux… L’affaire Dugrival, n’est-ce pas ? J’aurais dû attendre que tu vinsses m’arrêter ?… Saperlipopette, l’idée ne m’en est pas venue ! Je te jure bien qu’une autre fois…

— Canaille, mâchonna Ganimard.

— Et moi qui croyais te faire plaisir ! Ma foi oui, je me suis dit : « Ce bon gros Ganimard, il y a longtemps qu’on ne s’est vus. Il va me sauter au cou. »

Ganimard, qui n’avait pas encore bougé, parut sortir de sa stupeur. Il regarda autour de lui, regarda Lupin, se demanda visiblement s’il n’allait pas, en effet, lui sauter au cou, puis, se dominant, il empoigna une chaise et s’installa, comme s’il eût pris subitement le parti d’écouter son adversaire.

« Parle, dit-il… et pas de balivernes. Je suis pressé.

— C’est ça, dit Lupin, causons. Impossible de rêver un endroit plus tranquille. C’est un vieil