Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/124

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selle d’allures excentriques fut blessée à coups de couteau, puis serrée à la gorge jusqu’à ce que mort s’ensuivît, par un monsieur bien habillé, portant monocle, appartenant au monde des courses, et avec lequel ladite demoiselle venait de manger trois meringues et un éclair au café.

Lupin alluma une cigarette, et, saisissant la manche de Ganimard :

« Hein ! ça t’en bouche un coin, inspecteur principal ! Tu t’imaginais que, dans le domaine des déductions policières, de pareils tours de force étaient interdits au profane. Erreur, monsieur. Lupin jongle avec les déductions comme un détective de roman. Mes preuves ? Aveuglantes et enfantines. »

Et il reprit, en désignant les objets au fur et à mesure de sa démonstration :

« Ainsi, donc, hier soir après neuf heures (ce fragment de journal porte la date d’hier et la mention « journal du soir » ; en outre tu peux voir ici, collée au papier, une parcelle de ces bandes jaunes sous lesquelles on envoie les numéros d’abonnés, numéros qui n’arrivent à domicile qu’au courrier de neuf heures), — donc, après neuf heures, un monsieur bien habillé (veuille bien noter que ce petit éclat de verre présente sur un des bords le trou rond d’un monocle, et que le monocle est un ustensile essentiellement aristocratique), un monsieur bien habillé est entré dans une pâtisserie (voici le cartonnage très mince, en forme de boîte, où l’on voit encore un peu de la crème des meringues et de l’éclair qu’on y rangea selon l’habitude). Muni de son paquet, le monsieur au monocle rejoignit une jeune personne dont cette écharpe de soie rouge