Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/129

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que de deux blessures autour desquelles le sang s’était figé. La face, convulsée, presque noire, gardait une expression d’épouvante folle.

Le médecin légiste, qui venait de terminer son examen, prononça :

« Mes premières conclusions sont très nettes. La victime a d’abord été frappée de deux coups de poignard, puis étranglée. La mort par asphyxie est visible.

— Crebleu de crebleu, pensa de nouveau Ganimard qui se rappelait les paroles de Lupin, son évocation du crime… »

Le juge d’instruction objecta :

« Cependant, le cou n’offre point d’ecchymose.

— La strangulation, déclara le médecin, a pu être pratiquée à l’aide de cette écharpe de soie que la victime portait, et dont il reste le morceau auquel elle s’était cramponnée des deux mains pour se défendre.

— Mais pourquoi, dit le juge, ne reste-t-il que ce morceau ? Qu’est devenu l’autre ?

— L’autre, maculé de sang peut-être, aura été emporté par l’assassin. On distingue très bien le déchiquetage hâtif des ciseaux.

— Crebleu de crebleu, répéta Ganimard entre ses dents pour la troisième fois, cet animal de Lupin a tout vu sans être là !

— Et le motif du crime ? demanda le juge. Les serrures ont été fracturées, les armoires bouleversées. Avez-vous quelques renseignements, monsieur Dudouis ? »

Le chef de la Sûreté répliqua :

« Je puis tout au moins avancer une hypothèse, qui résulte des déclarations de la bonne. La victime, dont le talent de chanteuse était mé-