Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/140

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S’étant retourné, il vit sur le seuil un vieil ouvrier en longue blouse de peintre.

« Cherche pas, dit l’homme. C’est moi, Lupin. Je travaille depuis ce matin chez l’entrepreneur de peinture. En ce moment, c’est l’heure du repas. Alors je suis monté. »

Il observait Ganimard avec un sourire joyeux, et il s’écria :

« Vrai ! c’est une satanée minute que j’te dois là, mon vieux. J’la vendrais pas pour dix ans de ta vie, et cependant j’taime bien ! Qu’en penses-tu, l’artiste ? Est-ce combiné, prévu ? prévu depuis A jusqu’à Z ? Je l’ai t’i comprise, l’affaire ? J’lai ti pénétré, l’mystère de l’écharpe ? Je n’te dis pas qu’il n’y avait pas des trous dans mon argumentation, des mailles qui manquaient à la chaîne… Mais quel chef-d’œuvre d’intelligence ! Quelle reconstitution, Ganimard ! Quelle intuition de tout ce qui avait eu lieu, et de tout ce qui allait avoir lieu depuis la découverte du crime jusqu’à ton arrivée ici, en quête d’une preuve ! Quelle divination vraiment merveilleuse ! T’as l’écharpe ?

— La moitié, oui. Tu as l’autre ?

— La voici. Confrontons. »

Ils étalèrent les deux morceaux de soie sur la table. Les échancrures faites par les ciseaux correspondaient exactement. En outre les couleurs étaient identiques.

« Mais je suppose, dit Lupin, que tu n’es pas venu seulement pour cela. Ce qui t’intéresse, c’est de voir les marques du sang. Suis-moi, Ganimard, le jour n’est pas suffisant ici. »

Ils passèrent dans la pièce voisine, située du