Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/161

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« Ah ! vous êtes là, dit-il avec un soupir de soulagement en apercevant Jeanne et le docteur, qui causaient, assis l’un près de l’autre.

— Quoi ? Du nouveau ? fit le docteur inquiet de voir dans un tel état d’agitation cet homme, dont il savait le sang-froid.

— Rien, répondit-il, rien de nouveau. Et ici ?

— Ici non plus. Nous venons de quitter M. Darcieux. Il mangeait de bon appétit, après une excellente journée. Quant à Jeanne, vous voyez, elle a déjà retrouvé ses belles couleurs.

— Alors il faut partir.

— Partir ! mais c’est impossible, protesta la jeune fille.

— Il le faut, » s’écria Lupin en frappant du pied et avec une véritable violence.

Tout de suite, il se maîtrisa, prononça quelques paroles d’excuse, puis il resta trois ou quatre minutes dans un silence profond que le docteur et Jeanne se gardèrent de troubler.

Enfin, il dit à la jeune fille :

« Vous partirez demain matin, Mademoiselle, et pour une semaine ou deux seulement. Je vous conduirai chez votre amie de Versailles, celle à qui vous écrivez. Je vous supplie de préparer tout, dès ce soir, et ouvertement. Avertissez les domestiques… De son côté, le docteur voudra bien prévenir M. Darcieux, et lui faire comprendre, avec toutes les précautions possibles, que ce voyage est indispensable pour votre sécurité. D’ailleurs il vous rejoindra aussitôt que ses forces le lui permettront. C’est convenu, n’est-ce pas ?

— Oui, dit-elle, absolument dominée par la voix impérieuse et douce de Lupin.