Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/166

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Il s’écoula des minutes très pénibles et qui leur parurent infiniment longues. L’horloge sonnait au village, mais, absorbés par tous les petits bruits nocturnes, c’est à peine s’ils en percevaient le tintement. Ils écoutaient, ils écoutaient de tous leurs nerfs exaspérés.

« Tu as entendu ?… souffla le docteur.

— Oui… oui, dit Jeanne qui s’était assise sur son lit.

— Couche-toi… couche-toi, reprit-il au bout d’un instant… On vient… »

Un petit claquement s’était produit dehors, contre la corniche. Puis il y eut une suite de bruits indiscrets, dont ils n’auraient su préciser la nature. Mais ils avaient l’impression que la fenêtre voisine s’ouvrait davantage, car des bouffées d’air froid les enveloppaient.

Soudain ce fut très net : il y avait quelqu’un à côté.

Le docteur, dont la main tremblait un peu, saisit son revolver. Il ne bougea pas néanmoins, se rappelant l’ordre formel qui lui avait été donné, et redoutant de prendre une décision contraire.

L’obscurité était absolue dans la chambre. Ils ne pouvaient donc voir où se trouvait l’ennemi. Mais ils devinaient sa présence.

Ils suivaient ses gestes invisibles, sa marche assourdie par le tapis, et ils ne doutaient point qu’il n’eût franchi le seuil de la chambre.

Et l’ennemi s’arrêta. Cela, ils en furent certains. Il était debout, à cinq pas du lit, immobile, indécis peut-être, cherchant à percer l’ombre de son regard aigu.