Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/167

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Dans la main du docteur, la main de Jeanne frissonnait, glacée et couverte de sueur…

De son autre main, le docteur serrait violemment son arme, le doigt sur la détente. Malgré sa parole, il n’hésitait pas : que l’ennemi touchât l’extrémité du lit, le coup partait, jeté au hasard.

L’ennemi fit un pas encore, puis s’arrêta de nouveau. Et c’était effrayant, ce silence, cette impassibilité, ces ténèbres où des êtres s’épiaient éperdument.

Qui donc surgissait ainsi dans la nuit profonde ? Qui était cet homme ? Quelle haine horrible le poussait contre la jeune fille, et quelle œuvre abominable poursuivait-il ?

Si terrifiés qu’ils fussent, Jeanne et le docteur ne pensaient qu’à cela : voir, connaître la vérité, contempler le masque de l’ennemi.

Il fit un pas encore et ne bougea plus. Il leur semblait que sa silhouette se détachait, plus noire sur l’espace noir, et que son bras se levait peu à peu.

Une minute passa, et puis une autre.

Et tout à coup, plus loin que l’homme, vers la droite, un bruit sec… Une lumière jaillit, ardente, fut projetée contre l’homme, l’éclaira en pleine face, brutalement.

Jeanne poussa un cri d’épouvante. Elle avait vu, dressé au-dessus d’elle, un poignard à la main, elle avait vu… son père !

En même temps presque, et, comme la lumière était éteinte, une détonation… Le docteur avait tiré.

« Crebleu… Ne tirez donc pas, » hurla Lupin.

À bras-le-corps, il empoigna le docteur, qui suffoquait :