Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/182

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ont varié sur ce point), il y eut un premier coup de timbre, bref, aigu, sans modulations. Ce coup fut suivi d’un cri de terreur que poussa Mme Sparmiento, en saisissant le bras de son mari. Il s’exclama :

« Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que ça veut dire ? »

Immobiles, les invités regardaient vers les fenêtres. Le colonel répéta :

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Je ne comprends pas. Personne que moi ne connaît l’emplacement de ce timbre… »

Et, au même instant — là-dessus encore unanimité des témoignages — au même instant, l’obscurité soudaine, absolue, et, tout de suite, du haut en bas de l’hôtel, dans tous les salons, dans toutes les chambres, à toutes les fenêtres, le vacarme étourdissant de tous les timbres et de toutes les sonneries.

Ce fut, durant quelques secondes, le désordre imbécile, l’épouvante folle. Les femmes vociféraient. Les hommes cognaient aux portes closes, à grands coups de poing. On se bousculait. On se battait. Des gens tombèrent, que l’on piétinait. On eût dit la panique d’une foule terrifiée par la menace des flammes, ou par la détonation d’obus. Et, dominant le tumulte, la voix du colonel qui hurlait :

« Silence !… ne bougez pas !… Je réponds de tout !… L’interrupteur est là… dans le coin… Voici !… »

De fait, s’étant frayé un passage à travers ses invités, il parvint à l’angle de la galerie et, subitement, la lumière électrique jaillit de nou-