Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

De temps à autre, on entendait les appels que se lançaient au loin les quatre frères. Évidemment le bonhomme se défendait, plus agile qu’on ne l’eût cru. Mais, avec des gaillards comme les frères Goussot… »

Cependant l’un d’eux revint, assez découragé, et il ne cacha pas son opinion.

« Pas la peine de s’entêter pour l’instant. Il fait nuit noire. Le bonhomme se sera niché dans quelque trou. On verra ça demain.

— Demain ! mais tu es fou, mon garçon, » protesta maître Goussot.

L’aîné parut à son tour, essoufflé, et fut du même avis que son frère. Pourquoi ne pas attendre au lendemain, puisque le bandit était dans le domaine comme entre les murs d’une prison ?

« Eh bien, j’y vais, s’écria maître Goussot. Qu’on m’allume une lanterne. »

Mais, à ce moment, trois gendarmes arrivèrent, et il affluait aussi des gars du village qui s’en venaient aux nouvelles.

Le brigadier de gendarmerie était un homme méthodique. Il se fit d’abord raconter toute l’histoire, bien en détail, puis il réfléchit, puis il interrogea les quatre frères, séparément, et en méditant après chacune des dépositions. Lorsqu’il eut appris d’eux que le chemineau s’était enfui vers le fond du domaine, qu’on l’avait perdu de vue plusieurs fois, et qu’il avait disparu définitivement aux environs d’un endroit appelé « La Butte-aux-Corbeaux », il réfléchit encore, et conclut :

« Faut mieux attendre. Dans tout le fourbi d’une poursuite, la nuit, le père Traînard peut