Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/230

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duc. Et dites au concierge que mon hôtel est fermé aux paltoquets de cette espèce.

— Je vous en prie, mon père… risqua Angélique.

— Toi, ma fille, laisse-nous la paix. Si tu avais consenti autrefois à épouser un de tes cousins, nous n’en serions pas là. »

Le soir même de cette scène, un des deux reporters publiait, en première page de son journal, un récit quelque peu fantaisiste de son expédition rue de Varenne, dans l’antique demeure des Sarzeau-Vendôme, et s’étendait complaisamment sur le courroux et sur les protestations du vieux gentilhomme.

Le lendemain, un autre journal insérait une interview d’Arsène Lupin, soi-disant prise dans un couloir de l’Opéra. Arsène Lupin ripostait :

« Je partage entièrement l’indignation de mon futur beau-père. L’envoi de ces lettres constitue une incorrection dont je ne suis pas responsable, mais dont je tiens à m’excuser publiquement. Pensez donc ! la date de notre mariage n’est pas encore fixée ! Mon beau-père propose le début de mai. Ma fiancée et moi trouvons cela bien tard ! Six semaines d’attente !… »

Ce qui donnait à l’affaire une saveur toute spéciale et que les amis de la maison goûtaient particulièrement, c’était le caractère même du duc, son orgueil, l’intransigeance de ses idées et de ses principes. Dernier descendant des barons de Sarzeau, la plus noble famille de Bretagne, arrière-petit-fils de ce Sarzeau qui, ayant épousé une Vendôme, ne consentit qu’après dix ans de Bastille à porter le nouveau titre que Louis XV lui imposait, le duc Jean n’avait renoncé à aucun