Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/243

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pice, d’autant plus que nous naviguions entre des roches derrière lesquelles je pouvais nager en toute sécurité. Mais, à la minute même, où j’allais m’enfuir, je m’avisai que, une fois encore, le guichet de communication que l’on avait cru fermer, s’était rouvert de lui-même, et qu’il battait contre la cloison. Je l’entre-bâillai de nouveau par curiosité. À portée de mon bras, il y avait une petite armoire que je pus ouvrir, et où ma main, à tâtons, au hasard, saisit une liasse de papiers.

« C’était des lettres, des lettres qui contenaient les instructions adressées aux bandits dont j’étais prisonnier. Une heure après, lorsque j’enjambai le hublot et que je me laissai glisser dans la mer, je savais tout, les raisons de mon enlèvement, les moyens employés, le but poursuivi, et la machination abominable ourdie, depuis trois mois, contre le duc de Sarzeau-Vendôme et contre sa fille. Malheureusement, il était trop tard. Obligé, pour n’être pas vu du bateau, de me blottir dans le creux d’un récif, je n’abordai la côte qu’à midi. Le temps de gagner la cabane d’un pêcheur, de troquer mes vêtements contre les siens, de venir ici. Il était trois heures. En arrivant j’appris que le mariage avait été célébré le matin même. »

Le vieux gentilhomme n’avait pas prononcé une parole. Les yeux rivés aux yeux de l’étranger, il écoutait avec un effroi grandissant.

Parfois le souvenir des avertissements que lui avait donnés le Préfet de police revenait à son esprit :

« On vous cuisine, Monsieur le duc, on vous cuisine. »