Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/26

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d’ailleurs invraisemblable, où vous seriez devenu fou. Non, vous n’êtes pas fou. Mais vous venez ici dans un but que je ne m’explique pas, et vous avez lancé contre moi une accusation si stupéfiante que je suis curieux d’en connaître la raison. »

Il avait une voix émue, et ses yeux tristes semblaient mouillés de larmes.

Lupin frissonna. S’était-il trompé ? L’hypothèse que son intuition lui avait suggérée et qui reposait sur une base fragile de petits faits, cette hypothèse était-elle fausse ? Un détail attira son attention : par l’échancrure du gilet, il aperçut la pointe de l’épingle fixée à la cravate du baron, et il constata ainsi la longueur insolite de cette épingle. De plus, la tige d’or en était triangulaire, et formait comme un menu poignard, très fin, très délicat, mais redoutable en des mains expertes.

Et Lupin ne douta pas que l’épingle, ornée de la perle magnifique, n’eût été l’arme qui avait perforé le cœur de ce pauvre M. Lavernoux.

Il murmura :

« Vous êtes rudement fort, Monsieur le baron. »

L’autre, toujours grave, garda le silence comme s’il ne comprenait pas, et comme s’il attendait les explications auxquelles il avait droit. Et malgré tout, cette attitude impassible troublait Arsène Lupin.

« Oui, rudement fort, car il est évident que la baronne n’a fait qu’obéir à vos ordres en réalisant vos valeurs, de même qu’en empruntant, pour les acheter, les bijoux de la princesse.